Il est de drôles de chemins qui nous mettent face à face avec l’étrange magie du monde.

Sommes-nous dans le rêve, le phantasme, le souvenir ou le récit ? Peu importe, apprenons que c’est dans la démesure que l’on touche à l’intime, là se situe le travail de Sarah Simon.

Détruite, déchirée, mâchée, régurgitée en un horizon qui s’étale devant nous, la matière est mouvements, superposition de couleurs, mise en scène, espaces, délimitation, démembrement, architecture d’une terre inconnue,

la pluie y est molécule ou hiéroglyphe, minéral, végétal, animal, d’un règne l’autre ils se mélangent.

Nous pouvons voir   

la déchirure est un œil qui rend possible la vision d’un monde en train de se construire,

un monde éclaté, fuyant, au discours morcelé, des mots de papiers déchirés hantent ces toiles, mettant en scène la parole en archipel du poète.

Des silhouettes apparaissent (comme par un mécanisme de condensation propre au rêve), et nous font signe, ce sont les témoins d’un monde à venir, qui est en train de se faire.

Il se déchire, s’ouvre, se décline comme un verbe, un alphabet vivant d’une langue morte qui nous ouvre la voie, le chemin, le lien entre  le visible et l’invisible, le réel et le rêve, le tangible et l’intangible.

C’est une peinture de la perte et de l’abandon, des retrouvailles et de la venue d un nouveau monde.

 

Un acte de découverte et de dévoration.

                      

Silencieusement, un groupe d’indigènes envahit le tableau et nous dit:

« C’est être étranger au monde que d’en avoir une première vision »,

nous voici devant l’œuvre : face à un nouveau monde.